16/10/2008
SAINT LAURENT DU VAR AU PASSÉ
Ici autour des leurs châteaux, les maisons villageoises se sont assemblées, à flanc de rocher, serrées les unes contre les autres, formant enceintes percées de quelques portes donnant accès à un labyrinthe de calades, pontis, ruelles et placettes.
Sublimes sur leur socle ou leur piton rocheux, ces villages sont typiques de la région, comme de tous les pays méditerranéens, haut perchés pour échapper à la mer et à ses envahisseurs, les Barbaresques, les Maures, les Sarrasins, au début du XIXe siècle, ils venaient encore, dit-on, razzier les filles entre Nice et Antibes.
Pendant près de vingt siècles, entre les pillards de la mer au sud et les traînards des armées venues de l'est ou de l'ouest, l'une chassant l'autre, la Provence a été un pays périlleux, parcouru par des bandes. La tradition en était encore vive il y a cinquante ans, où l'on appelait la route de Saint-Jeannet à Saint-Laurent-du-Var la « route des brigands », en raison de sa solitude boisée, propice à l'agression. N'est-ce pas sur cette route que, par trois fois entre 1960 et 1970, fut attaqué le fourgon blindé transportant la paye du Centre de recherche I.B.M. de La Gaude ? Aujourd'hui, la corniche sur le Var est devenue une banlieue résidentielle où les villas se succèdent sans interruption.
Cette menace incessante fit qu'ici les paysans ne se bâtirent pas de grosses fermes isolées où vivre en permanence, mais de simples abris agricoles, cabanons, bastidons, rentrant le soir s'enfermer dans le repaire de leur village où veillait à la porte, à la tour ou au clocher, le signadour. Il était bien le seul à la regarder, la mer, dans sa méfiance. Ce sont les voyageurs des arts et des lettres, les touristes, les résidents, les retraités, les étrangers, qui en ont inventé l'obsession, tournant vers elles les terrasses et les façades de leurs villas. L'homme du pays, le paysan, ne l'a jamais recherchée ainsi, tourné qu'il était, lui, vers la montagne où étaient échelonnées ses terres par planches ou terrasses aux murs et murettes de pierres sèches. Travaillées de main d'homme depuis des millénaires, elles ont donné au paysage laurentin ses aspects d' immenses escaliers à flanc de collines ou de baous, campagnes plantées en oliviers et orangers. Orangeraies et oliveraies souvent retournées aujourd'hui à l'état sauvage dans un fouillis de hautes herbes et de basses branches chargées de fruits amers, la jusquiame blanche, la plante des maléfices, poussant vivement entre les pierres éboulées des murettes.
Pendant des siècles, l'usage laurentin fut de se rendre le matin à sa campagne
- à moins que la pluie ne retienne au logis - et d' en repartir le soir pour souper et dormir au village. Cette manière de vivre déterminant les dispositions de 1 'habitat. Chaque maison de bourg ou de village, haute et étroite, comportait : caves, à vin ou à huile en jarres; au rez-de-chaussée, écurie, remise, paneterie, puits donnant sur la citerne approvisionnée en eau par les toits; à l' étage, cuisine et potager de deux à six foyers, évier, bugadier, chambre à coucher; sous les combles, fruitier, poulailler, grenier à foin communiquant parfois directement avec le râtelier de l' écurie par le moyen d'un conduit, la trumba, prévue dans le mur d'arête.
Comme le raconte Marie une ancienne laurentine qui a souhaité l’anonymat :
« Ici, tout le monde était cultivateur. Ils vivaient en ville et ils allaient tous les jours à leurs campagnes. Il y avait bien quelques maisons à la campagne, mais pas tellement. On cultivait des fruits, des légumes, des fleurs. Presque tout le monde faisait son vin, aussi on faisait son huile. Pour aller à notre campagne, quand on marchait bien, il fallait un quart d'heure...
Les trois quarts des paysans n'habitaient pas leurs campagnes, ils ont toujours habité la ville; on gardait les cochons à la cave, dans l'écurie il y avait l'âne ou le cheval, ou le mulet. Dans l'escalier, à chaque marche, il y avait un sac de blé, soit de légumes secs, et, au troisième étage, au-dessus des chambres, c'était le grenier à foin, et une petite pièce pour les provisions d'hiver : les pommes, les poires, les pommes de terre. Le matin, avant de partir pour la campagne, on mettait une chaise devant la porte, sur la chaise on mettait quatre ou cinq assiettes pleines de fruits, vous n'aviez pas besoin de mettre une étiquette, les gens savaient ce que cela voulait dire, c' était un sou l' assiette; eh bien, le soir, l' assiette était renversée et y avait le sou pardessus...
Moi, quand je pense à Saint Laurent de ce temps-là, je pense toujours aux merveilleuses odeurs, les petites voitures qui traversaient la ville remplies de fleurs, roses de mai, jasmin, fleurs d'oranges amères, ces petites voitures traînées par des chevaux étaient remplies jusqu'au bord de ces fleurs, et Saint Laurent de ce temps-là sentait bien bon... »
Cette vie rustique fit la renommée du pays dès la colonisation romaine, avec la culture en terrasse des oliviers, sur le modèle africain; de grands domaines, les villae rusticae, exportant leur production d'huile par Antibes sur l'Italie. Les Romains auraient aussi introduit la culture, toujours en terrasse, du bigaradier, l'oranger commun au fruit aigre ou amer, dont la fleur distillée en eau est à la base de l'essence de néroli des parfumeurs de Grasse, elle-même base de l'eau de Cologne.
Connaître le passé de Saint Laurent du Var grâce à « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 17 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
« Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?
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02/10/2008
CHRONOLOGIE DE SAINT LAURENT DU VAR
-600 Comptoirs grecs
-350 Antipolis
-154 Siège de Nice et Antibes : Bataille d’Aegitna
-49 Lepide soumet les Oxybiens (Trophée d’Antibes) César licencie les légions pompéiennes au bord du Var
Strabon : Var large de 1600m
Ier au IIIe siècle :installation des villas romaines
576 : destruction du Castellum Varum par les Lombards
737, 813-972 Sarrasins
1033 : première mention de Saint-Laurent (Castrum Agrimontis)
1135 : des Templiers s’installent sur la rive gauche puis droite
1162 : première mention de l’Hospice (Auberge, Hôpital, Banque, Comptoir) et du Bac
1306 : création de la Confrérie des « Pénitents Blancs »
1327 : le Pape Jean XXII ferme l’Hospice et chasse les Augustins
1388 : dédition du Comté de Nice à la Savoie - le Var devient frontière
1468 : Castrum Agrimontis inhabité et ruiné est repeuplé par acte d’habitation et d’emphytéose
1471 : le lieu prend le nom effectif de Saint-Laurent du Var
1480 : Gué à la charge des religieux
1536 (septembre) : pillage du village par les troupes de Charles Quint
1538 : passage de François Ier se rendant à Nice
1595 : incursion armée des Niçois à propos des Iscles
1623 (juillet) : razzia par les Barbaresques
1628 : séjour du Duc de Guise
1629 (mars) : retraite du Duc de Guise et de ses troupes depuis Nice sur un pont de bateau
1654 : création de la Confrérie des « Pénitents Noirs »
1691 : Catinat établit son quartier général à Saint-Laurent
1696 : la communauté demande son inscription à l’Armorial de France
1698 : Pisani achète la Seigneurie de Saint-Laurent à l’évêque de Vence
1690 : M. de Grignan gouverneur de Provence visite la place (Mme de Sévigné)
1700 : affaire de la « Confrérie de Méduse » Honoré Geoffroy + 12 notables
1704 (janvier et juillet) : pillages successifs de Saint-Laurent par les troupes savoyardes et royales de M. de Blagnac
1706 (mars) : destruction des maisons du village pour installer l’armée française
1707 (juillet) : vandalisme des troupes impériales sur les récoltes et les cultures
1744 (avril) : mise en place d’un pont sur chevalet par les Franco-Espagnols
1746 (octobre) : destruction du pont lors de la retraite
1746 (novembre) : construction d’un pont par les Anglais alliés des Austro-Sardes
1747 (février) : destruction du pont sous le feu des Français
1758-1760 :Conventions pour les Gueyeurs
1789 : vente des droits du Seigneur Pisani à la commune
1792 : la frontière du Var disparaît avec l’annexion du Comté à la France
1792 (octobre) : construction d’un pont pour diligences ouvert le 8 décembre
1800 (mai) : les combats de Saint-Laurent sous les ordres de Suchet)
1815 : remise en place de la frontière sur le Var, le Comté de Nice étant possession des états du Pièmont-Sardaigne
1860 : annexion de Nice à la France : la frontière du Var disparaît
1864 : après la construction du pont de chemins de fer sur le Var, passage de la première locomotive le 18 août
1943 (novembre et décembre) : bombardements aériens des ponts du Var par les Alliés
1944 (mai juin juillet août) : attaques aériennes détruisant les ponts et une partie du bourg ; nombreuses victimes civiles
1962 Création de la Z.I.
1967 Cap 3000 puis urbanisation accélérée du « petit Neuilly »
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10:26 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
25/09/2008
QUI ETAIT SAINT LAURENT ?
Saint Laurent, diacre et martyr, serait né vers 210 ou 220, en Espagne, selon les uns, et, selon d’autres, à Rome, où il décédera en 258. Il était le premier des sept diacres de l'Eglise romaine, sous le pontificat de saint Sixte II. Quand ce pape fut été arrêté, il l'accompagna jusqu'au lieu de son martyre. Sommé lui-même par le préfet de Rome, de livrer les richesses dont on le croyait détenteur, il demanda un délai de trois jours, pendant lesquels il distribua aux pauvres le prix des vases sacrés qu'il avait fait vendre et toutes les sommes dont il était le dépositaire. Lorsque le préfet se présenta, Laurent, lui montrant une foule d'indigents et d'infirmes, lui dit : « Voilà les trésors de l'Eglise ! » Saisi aussitôt, après avoir été cruellement fouetté, il fut étendu sur un gril de fer rougi au feu. Son martyre eut lieu sous le règne de l'empereur Valérien.
Une des sept basiliques patriarcales de Rome fut élevée, sous le règne de Constantin, sur le lieu où les fidèles avaient enseveli ses restes : ce sera l'église de Saint-Laurent-hors-les-Murs. La fête du saint est célébrée le 10 août.
- Linguistique : Ce nom entre dans quelques locutions : Etre sur le gril comme saint Laurent, être dans une position très embarrassante, être fort tourmenté. « Crier à saint Laurent: Le diable se brûle ! » Se plaindre d'un petit mal à ceux qui soufrent d’un plus grand. «C'est aujourd'hui la Saint-Laurent, qui perd sa place la reprend », sorte d’adage par lequel les enfants s'autorisent à reprendre leur place après l'avoir quittée.
- Iconographie : Saint Laurent est ordinairement représenté, par les artistes, tenant dans une main un gril, et de l'autre le livre des Evangiles. Il figure sur un grand nombre d'anciens monuments.
Sa vie a été retracée par Fra Angelico, au Vatican, dans la chapelle de Nicolas V. Le
Titien a représenté le Martyre de saint Laurent (église des Jésuites, à Venise).
Il existe de ce chef-d’œuvre une belle répétition au couvent, de l'Escurial et une esquisse au musée de Madrid.
Des bourreaux, retournant le corps du saint avec une fourche, attisent le feu qui le consume et le frappent à coups redoublés. Auprès du groupe se dresse l’autel des divinités païennes auxquelles saint Laurent a refusé de sacrifier.
Ribera a traité le même sujet (galerie de Dresde). Le saint est représenté au moment où, le feu allumé, il va être placé tout vif sur le gril, il est à genoux, absorbé dans la prière. Il subsiste plusieurs reprises de cette oeuvre.
Citons également deux magistrales représentations du martyre de saint Laurent d’époques différentes, décorant la basilique Santa Croce de Florence. L’une de Bernardo Daddi, l’autre sous la forme d’un retable peint par Jacoppo Ligozzi.
Le " Martyre de saint Laurent ", par Eustache Le Sueur, figure au Louvre. Deux bourreaux et un soldat étendent sur un gril le saint qu'ils dépouillent de ses vêtements, tandis que d'autres personnages attisent le feu ou montrent au saint la statue d’une divinité païenne. Le supplice a lieu devant l’empereur Valérien. C’est un tableau d’une exécution vigoureuse et d’un fort beau coloris.
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Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
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