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15/05/2008

DU PONT DE PIERRE A NOS JOURS

En 1813, fut entrepris la construction du premier pont en pierre reliant les deux rives françaises du fleuve, mais la chute de l'Empire arrêta les travaux.

De 1814 à 1860, la frontière réapparut dans le lit du Var, entre la France et les Etats de Piémont-Sardaigne, suite aux traités de Paris de 1814 et 1815.

Les apports d'alluvions dans le lit large et tourmenté du Var firent naître des difficultés du fait de la création des îlots éphémères: les iscles. Les courants dominants les portaient généralement à l'Est, ils permettaient aux contrebandiers de franchir aisément la frontière en évitant les points habituels de contrôle. Les habitants des deux rives se jalousaient les bois poussant sur ces îlots ou ceux déposés par les crues, des incursions avaient lieu, dégénérant en affaire d'état.

On cite, par exemple, les tentatives de détournement du fleuve. de la part de négociants niçois, dans le but d'empêcher les laurentins d'accéder aux iscles pour y ramasser du bois.

A la même époque, le flottage du bois, né de l'abattage de plus de 300.000 arbres de haute futaie, de 1822 à 1884, dans les hautes vallées alpines (Var, Tinée, Vésubie), fit naître toute une industrie sur les bords du Var. Des scieries importantes existaient à Saint-Laurent et sur la rive gauche à Saint-Isidore. (Guide de P. JOANNE 1880). Plusieurs centaines de troncs descendaient le fleuve lors des hautes eaux de printemps et d'automne (selon DURANTE).

En 1880, Saint-Laurent était toujours cité pour la valeur et la qualité de son vin muscat. Cette renommée avait dans les siècles passés débordé largement les frontières de la Provence. Si l'Anglais SMOLETT y fit allusion dans son journal en 1763, bien avant en 1667, Madame de SEVIGNE en vantait déjà les mérites dans une de ses fameuses lettres. Monsieur de Grignan, gouverneur de Provence, gendre de la célèbre Marquise apprécia le « muscat » lors d'une visite de la place de Saint-Laurent le 27 juillet 1690.

Il est regrettable qu’aujourd’hui, ce vin traditionnel ait disparu de la mémoire même des contemporains.

Après l'annexion du Comté de Nice à la France en 1860, un vrai pont en pierres et en fer fut construit pour permettre le passage de la route et de la première voie ferrée. Le 18 août 1864 passaient la première locomotive et, le 28 septembre, le premier train allant vers Nice. Le trafic normal commença le 12 octobre. Le nouveau pont était situé en aval de Saint-Laurent, dans ce quartier qui prit le nom de « la Gare » et que traverse l'actuelle voie ferrée. La station de chemin de fer s'appelait « LE VAR ». Le pont en bois situé en face du village était toujours utilisé pour les piétons et les charrettes. Restauré en 1865, il fut définitivement démoli en 1869.

Le trafic routier s'étant considérablement intensifié au XXème siècle, un deuxième pont routier fut construit à l'embouchure du Var en 1939, cet ouvrage comportait trois tabliers. Achevé en 1943, il fut bombardé en 1944 et démoli en 1945 à cause de la construction de l'Aéroport de Nice. Son usage fut très limité dans le temps.

Les ponts du Var furent attaqués dès 1943 par l'aviation alliée en dépit du système de protection de la D.C.A. allemande, installée sur les collines de Montaleigne et de Caucade. Une première attaque sans résultat eut lieu le 17 novembre 1943 à 6 heures du matin, puis une autre le 18 décembre. Le pont routier accolé à celui du chemin de fer fut entièrement détruit, les culées du pont sautèrent. Une troisième attaque interrompit le trafic le 2 janvier 1944. Une passerelle en bois fut construite pour les piétons et cyclistes, en face du village, et un pont en bois destiné aux véhicules automobiles plus en amont au quartier des Baraques. Le 26 mai, une violente attaque aérienne détruisit partiellement un train arrêté en gare de Saint Laurent, causant de nombreuses victimes. Deux nouveaux bombardements eurent lieu les 4 et 7 juin, endommageant sérieusement le pont du chemin de fer. Pendant 10 jours le trafic fut interrompu. Nouvelle attaque le 12 juillet, puis à la veille du débarquement en Provence d'août 1944, des raids successifs furent entrepris par l'aviation alliée pour anéantir les voies de communications adverses, faisant de nombreuses victimes, notamment celui du 6 août.

C'est un total de 23 bombardements que dut subir la petite cité, lesquels détruisirent 103 maisons et en endommagèrent partiellement 782, faisant 70 morts et 23 blessés.

Sinistrée à 40%, Saint-Laurent fut libérée le 27 août 1944 par une colonne motorisée de l'armée canadienne. Sa population avait été évacuée dans la commune voisine de Cagnes, à cause des pilonnages aériens.

La lutte de la résistance fut active. Elle eut pour conséquence l'arrestation et la déportation de 8 laurentias. Signalons que 16 domiciliés à Saint-Laurent ont comparu à la Libération devant une cour de justice ou une chambre civique pour faits de collaboration avec l'occupant nazi.

 Avec la Libération, le pont de chemin de fer et le pont routier furent remis en état dans les mois qui suivirent.

Le 10 janvier 1945, moins de cinq mois après le départ des troupes nazies, le premier train de voyageurs franchissait le pont.

Le 5 janvier 1950, un nouveau pont était inauguré sur le Var, il fut suivi par un pont à deux voies en 1955, pour le trafic routier à double sens.

En 1976, l'autoroute, prolongée depuis Villeneuve-Loubet et Cagnes, traverse Saint-Laurent-du-Var et franchit le Var grâce à un nouveau pont double.

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08/05/2008

SAINT LAURENT RÉPUBLICAIN (2 DÉCEMBRE 1851)

A quatre jours de diligence des affaires parisiennes, le canton de CAGNES comme le reste du département du Var prend part à la lutte des « Blancs » et des « Rouges », c'est à dire des partisans de Napoléon le petit (le Prince Président Louis Napoléon, futur Napoléon III) et des légitimistes, républicains et républicains socialistes.

Selon le Sous-Préfet, les « bons » cantons favorables aux Blancs sont ceux de la montagne, sont à surveiller GRASSE, CANNES, SAINT PAUL et CAGNES.

Le coup d'état du Prince Président accompli à Paris le 2 décembre 1851 à 2 h. du matin est confirmé à Cagnes et Saint-Laurent comme dans tout l'arrondissement de Grasse par l'affichage d'un décret lapidaire le 3 au matin.

On discute ferme dans les auberges de Saint-Laurent, les Républicains du canton se consultent pour une éventuelle riposte. Pour des raisons opportunistes, ceux de Grasse conseillent l'attentisme et prêchent la démission à leurs amis de Cannes et Vence.

Une forte personnalité le Docteur PROVENÇAL, militant républicain cagnois, n'accepte pas la passivité qui lui est recommandée.

Bien que convoqué à Grasse le 3 décembre, il passe la frontière, se rend à Nice pour contacter un émigré républicain MATHIEU, ex maire de La Garde Freinet.

Le 6 décembre au soir, armé de son fusil de chasse, le ruban rouge qui lui sert aux saignées enroulé autour de son chapeau, il rassemble une petite troupe d'hommes de Cagnes, Saint-Laurent et Vence, médiocrement pourvus d'armes.

Le groupe se dirige sur les bords du Var, au quartier de La Baronne, où ils espèrent l'arrivée d'une colonne de réfugiés français venant de l'autre rive.

Le Var est en crue, le renfort ne viendra pas.

Les quelques hommes se débandent devant la réserve et l'hostilité des habitants et des autorités du voisinage.

Les maires de Saint-Laurent, Cagnes et La Gaude refusent toute idée de soulèvement armé. Le détachement militaire de Saint-Laurent et les fonctionnaires des douanes demeurent fidèles au Gouvernement.

Le Docteur PROVENÇAL, abandonné de tous, s'enfuit aux Plans de Gattières où un passeur lui fait gagner la rive sarde: « Je passais à minuit, par un froid glacial, sur les épaules d'un campagnard de Gattières, Marcellin NIRASCOU, échappant ainsi à la fusillade de toute la brigade de douane et la Garde Nationale bonapartiste de cette bourgade, mise à ma poursuite ».

Ainsi se termina ce que le Sous-Préfet de Grasse et le Consul de France à Nice appelèrent « la colonne insurrectionnelle du Var ».

Le lendemain 7 décembre, un dimanche au matin, César PROVENÇAL fut appréhendé par les carabiniers sardes, au bord du Var, au pied d'un arbre où il avait dormi quelques heures. Il fut conduit en prison pour franchissement clandestin de la frontière. Il devait connaître les premiers temps difficiles de l'exil politique.

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01/05/2008

TROIS FRANÇAIS MORTS A NICE ET INHUMÉS À SAINT LAURENT

Entre 1814 et 1860, au temps où le Var séparait la France des Etats sardes, des Français, morts à Nice, furent enterrés au cimetière de Saint-Laurent-du-Var pour reposer dans le sol national.

 En juillet 1832, DESJOBERT, ancien Consul Général de France à Naples, officier de la légion d'honneur, atteint d'une maladie particulièrement cruelle est allé sans succès consulter un médecin à Montpellier, voyage inutile, perdant la raison, à force de souffrances il se tue d'un coup de pistolet.

 L'usage était, à Nice, de mettre à la potence le cadavre d'un suicidé et d'y attacher la sentence. Le Consul de France le baron Masclet, s'arrangea pour que l'enquête de la police sarde soit discrète et imprécise et qu'une fois le cadavre conduit au premier village français, les funérailles se fassent avec l'assistance du clergé.

 La tombe existe toujours à l'entrée du cimetière, une grille l'entoure, derrière, se dresse une croix, plantée, dit l'inscription, par la veuve Eugénie de la Chaix, au Nord, une plaque en marbre porte un distique latin:

« Voués aux longs travaux, aux pleurs, à la misère,

Le repos nous attend au sein de notre mère ».

 La dalle indique que la sépulture fut refaite en février 1891 par la Commune en souvenir de son « bienfaiteur ». Une rue du village porte le nom de celui qui, s'il n'avait pas été un Consul Général de France et si Masclet ne s'était pas débrouillé pour masquer le suicide en crise de folie, se serait balancé à la potence avec sur le corps une sentence infamante en proie aux oiseaux des bords du Paillon.

 En mars 1838, le Lieutenant Général du FRICHE de VALAZE mourut à Nice. Il était le fils d'un Conventionnel de l'Orne, qui, lié avec les Girondins et nommé de ce fait rapporteur au procès de Louis XVI, avait voté pour l'appel au peuple, la mort et le sursis. Ensuite, arrêté lors de l'avènement de la Montagne, condamné à mort, il s'était poignardé devant le tribunal. « Tu trembles, Valazé » lui dit un Girondin, le voyant frissonner et pâlir. « Non, je meurs » répondit le Conventionnel.

 Son fils, né en 1780, se destina à la carrière militaire. Il entra en 1798 à Polytechnique, brillant officier, fut blessé à Austerlitz, participa aux combats de Friedland et aux sièges d'Astorga et Saragosse. Nommé général d'Empire après une carrière au Portugal (1811), en Prusse (1813), il se distingua sous Charles X au siège d'Alger (bombardement de Fort l'Empereur). Lieutenant Général du Génie, député de I'Yonne, son état de santé (tuberculose pulmonaire) nécessita le « soleil du midi », mais il était déjà trop tard. Il devait terminer sa vie à l'hôtel d'York à Nice.

 Le Consul de France, le comte de Canclaux, intervint auprès du Gouverneur, le comte Rodolphe de Maistre (père de l'écrivain Joseph de Maistre), les autorités sardes organisèrent des obsèques grandioses. Le drap mortuaire était tenu par le Général commandant la Division de Nice et un Colonel, chef de son état-major, par deux Français, le Colonel commandant la place d'Antibes et un Lieutenant Colonel d'artillerie en retraite. De Maistre conduisait le deuil avec Conclaux et l'aide de camp de Valazé.

 Le cadavre fut transporté à Saint-Laurent-du-Var, après les funérailles célébrées en l'église Saint-Augustin. Un ancien aide de camp du Général, Damrémont, prit la parole dans le cimetière de Saint-Laurent où un emplacement provisoire était cédé par la Commune, proche de la tombe de Desjobert. La compagnie des pénitents de Saint-Laurent l'accompagna à sa dernière demeure. La veuve de Valazé voulut acheter une concession à perpétuité et offrit 100 francs. Le Conseil Municipal exigea huit fois plus (!). La tombe existe encore et une rue du village porte le nom du glorieux général VALAZE. Dans le jardin du presbytère subsiste une partie de son épitaphe. On y apprend son titre de baron, de commandeur de la légion d'honneur et ses prénoms étranges: Eléonore et Zoa.

 Mort à Nice, en juin 1848, le marquis de CHATEAU GIRON, ancien Pair de France, Consul à Nice depuis 1841, est enterré à Saint-Laurent-du-Var. Le curé et son confrère cagnois aillèrent attendre le cadavre au bout du pont. La garnison française du lieu rendit les honneurs, trois oraisons funèbres seront développées dans le petit cimetière, celle de Borg, Chancelier du Consulat de Nice, celle du prieur, celle d'un ancien préfet jadis directeur général de la police, Alexis de Jussieu, devenu dirigeant d'une société d'endiguement de la rive droite du Var. La tombe existe encore, pas de nom de rue pour ce Pair de France qui servit en Vendée sous Marceau, qui représenta la France comme secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg, puis comme Consul général à Bucarest. Ce descendant direct d'un frère de Descartes, qui fut nommé par Louis Philippe, a disparu dans l'oubli.

Nous avons identifié grâce à leurs épitaphes les tombes de VALAZE et de CHATEAU GIRON dans l'ancien cimetière, les deux dalles voisinent et sont très endommagées (défoncées) dans une situation indigne de leurs glorieux propriétaires.

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