16/05/2009
ANTOINE CASTILLON: CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 6 ème PARTIE
Le village de St-Laurent n'a pas de méfiance a priori contre un élève sortant de l'Ecole Normale de Brignoles. Jouent en sa Faveur deux préjugés favorables: il est un enfant du pays, membre d'une famille connue où s'est établie la tradition de l’enseignement primaire depuis 46 ans.
Antoine Castillon son oncle, ayant démissionné, Antoine le neveu est agréé dans les formes réglementaires par le Comité de l'Instruction publique de Grasse.
Une circulaire ministérielle du 21 avril 1834 prescrit: "de donner toute la solennité désirable à l'installation de l'instituteur afin de relever à tous les yeux ces honorables fonctions".
A Grasse, le 4 mai 1840, le Comité désigne son représentant, Monsieur CALVY, maire de Vence, chevalier de la Légion d'honneur, propriétaire à St-Laurent. Le 20 mai, le délégué Fixe au dimanche suivant à 2 heures de l'après-midi la cérémonie d'institution du nouvel instituteur.
En présence du maire et du curé de la paroisse, des membres du Conseil municipal, Antoine CASTILLON, dans la gravité de ses 21 ans, prête le serment d'usage :"Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume".
Durant les polémiques locales engagées sur l'opportunité de donner à la commune une mairie et une école neuve, le jeune insti tuteur se met à l’œuvre. Son zèle rend difficile la position de Constantin, instituteur libre établi dans la commune. Il est dans un état voisin de la misère, le Bureau de Bienfaisance, dont les finances sont à l'aise est invité à secourir cet instituteur malchanceux.
Une délibération municipale du 8 août 1841 arrête le taux de la rétribution scolaire mensuelle pour l'année suivante. Elle prévoit trois catégories : 1,50 F, 2 F et 3 F et fixe à six le nombre des élèves gratuits. Le Conseil loue le zèle de son nouvel instituteur et lui accorde un matériel scolaire. Au début de l'année 1842, Antoine Castillon supporte mal les lenteurs de la procédure officielle engagée en faveur de la mairie et de l'école.
Sa désillusion s'exhale le 21 janvier 1842 dans une lettre adressée à l'Inspecteur des Ecoles primaires Larroque, en résidence à Draguignan. Elle est illustrée de détails d'un réalisme désabusé.
En poste depuis bientôt deux ans. Antoine n'a pas encore organisé son école d'une manière convenable. Il a pourtant obtenu un mobilier et une nouvelle salle de classe, la chambre de la vieille mairie étant devenue insuffisante. "Mais ce local est bien loin de pouvoir satisfaire aux conditions d'un établissement de ce genre". Il est situé sous le toit, au premier étage, très chaud en été. La maison est entourée d'écuries. Elle répandent une odeur insupportable. L'été précédent, 14 élèves souffrirent en même temps d'irritation de la gorge et manquèrent l'école. Le sol de la classe présente dix grands trous. Une partie s'est récemment affaissée sous les pas de l'instituteur. Il faillit être dangereusement blessé. La salle de classe supporte des promiscuités inadmissibles. Aucune porte ne ferme à clé, si bien que les jours de perception, des contribuables facétieux pénètrent dans la classe. griffonnent des graffitis indécents sur les cahiers et le tableau noir.
Le rapport sans fard d'Antoine Castillon met en mouvement l'appareil administratif, Préfet de Draguignan, le sous-préfet de Grasse, son Comité de l'Instruction publique, le comité local de St-Laurent composé de Moisson, Inspecteur des douanes et Raymond, receveur-buralistet capitaine de la Garde nationale. Toutes les autorités sont d'accord sur la véracité des faits.
Elle ne le sont pas moins sur la pauvreté du budget communal, la lenteur
à obtenir les crédits nécessaires à la réalisation du plan établi par l'agent voyer Trotabas.
Antoine Castillon ne se plie pas à d'aussi longs délais. En mars 1845, il adresse une lettre de démission au Comité d'Instruction publique de Grasse. Le Recteur de l'Académie d'Aix lui accorde l'exeat qu’il désire pour l'arrondissement de Toulon.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Un collègue sollicite le poste de St-Laurent, Joseph Reinard, depuis onze ans au Rouret, désire se rapprocher de la côte. Le Comité d'Instruction publique répond à son désir
le 18 avril 1845. Il charge Monsieur Sauvant, curé de Cagnes, de présider à la cérémonie de l'institution de Mr.Reinard, le 17 novembre 1843.
Désormais, la commune est soumise au droit commun. La période pittoresque de l'initiative communale est close.
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« Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
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05/03/2009
ANTOINE CASTILLON: CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 5ème PARTIE
Nous poursuivons la publication de la carrière d’instituteur d’Antoine Castillon de Saint Laurent du Var par René TRESSE.
Après une évocation de la vie dans le Saint-Laurent du Var du siècle passé, et une incursion parmi les ancêtres de la famille CASTILLON, c'est maintenant, dans cette deuxième partie, que nous abordons le vrai sujet: la carrière de l'instituteur Antoine CASTILLON, neveu.
Un troisième CASTILLON dirige l'école primaire de St-Laurent. Antoine, fils de Charles mesnager est de la branche de Joseph. Il naît le 28 août 1819 à une heure du matin.
Le premier témoin est Antoine, son oncle l'instituteur, le second témoin Passeron, propriétaire. Le père et les deux témoins signent la déclaration de naissance, fait qui n'est pas si commun. En cette année, sur 29 déclarations de naissance, 17 ne portent aucune signature, que celle du maire et deux la signature d'un seul témoin cinq du père seul, deux de deux témoins.
La tradition de l'instruction primaire se transmet au nouveau venu, élève de son oncle Antoine.
A 11 ans, Antoine CASTILLON le jeune, est témoin de la Révolution de 1830, à l'échelle de son village. Les symboles sont changés, le drapeau blanc emporte les regrets des conservateurs, le drapeau tricolore porte les espoirs des libéraux. Nous ne savons rien de formel sur les sentiments du village, sauf qu'il se plie volontiers à l'enrôlement dans la Garde Nationale. Elle est acceptée dès le 8 août 1830. Les Castillon y figurent dans les emplois subalternes. Emmanuel Castillon 16 ans, fils de propriétaire sera sergent fourrier et promet de s'habiller. Joseph, 32 ans, employé des postes, et Charles, père d'Antoine, seront gardes. Antoine, l'instituteur 40 ans, est exempté vu la faiblesse de sa vue et sa nombreuse famille. Les Castillon se rendent toujours utiles à la commune dans les emplois où comptent le savoir et le sens de l'administration.
Parmi ses frères et ses cousins, Antoine le neveu, sera dirigé vers la carrière d'instituteur dont les conditions d'accès ont changé depuis 40 ans.
François, le grand-oncle, a reçu l'autorisation d'exercer sous le contrôle du jury institué à Grasse, de la Révolution à l'Empire. Antoine, l'oncle s'est soumis à l'examen du brevet de capacité du degré inférieur établi en 1816. Le nouveau régime se montre plus exigeant. Il déploie une, activité considérable de 1831 à 1833 pour arriver à la loi GUIZOT du 28 juin 1833. Il favorise la création des écoles normales d'instituteurs, réforme le brevet d'aptitude à l'enseignement primaire.
Dans sa 19ème année, Antoine se soumet à la législation nouvelle en entrant à l'Ecole Normale d'Instituteurs du département du Var installée à la sous-préFecture de Brignoles. Il y suit les deux années de l’enseignement de 1838 à 1840. Il en sort muni du brevet de capacité du second degré que le maire de St-Laurent lui remet officiellement en août 1840.
L'armature professionnelle donnée par l’Ecole Normale de Brignoles
n'est pas immédiatement appréciée par les populations rurales du Var. Les communes éludent l'engagement des jeunes instituteurs. Elles demeurent fidèles aux maîtres d’école contractuels formés dans les collèges de Grasse et d'Antibes jusqu'au milieu du siècle.
Lors des années 1838 et 1839, la plus haute autorité du département du Var, le Préfet, Marchand de la Faverie, proteste à deux reprises contre cette méfiance.
En administrateur vigilant, il estime que le rendement de l'Ecole Normale n'est pas en rapport avec les sacrifices consentis par le département. Le 28 juin 1838, il exprime son étonnement au sous-préfet de Grasse. Plusieurs jeunes gens admis à l'Ecole Normale aux frais du département n'ont pas trouvé d'emploi dans les communes. Depuis la fondation, huit seulement occupent des postes. Les Comités d'arrondissement sont invités à mettre un terme à une situation réticente, nuisible aux finances départementales. Ils donneront la préférence aux élèves de l'Ecole Normale sur les candidats libres présentés par les communes. Le 26 juin 1839, une circulaire préfectorale révèle aux Comités d'Instruction publique que l'entretien de l’Ecole Normale de Brignoles coûte 80 000 F au département. Sur 28 jeunes gens formés, 7 seulement ont des emplois communaux. Tous les autres retournent à l'enseignement privé.
A St Laurent du Var, des contingences locales permettent d'obéir aux intentions du Préfet.
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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
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19/02/2009
ANTOINE CASTILLON; CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 4ème PARTIE
APPLICATION DE LA LOI GUIZOT
Le texte de la loi du 28 juin 1833 est diffusé dans tout le département du Var en juillet. Une circulaire de Draguignan invite les Conseils municipaux à en délibérer.
La municipalité laurentine y consacre la séance du 6 août 1833. Son attention se porte, comme dans toutes les communes sur les dispositions financières de la loi: l'imposition de 3 centimes au principal des contributions foncières, personnelles et mobilières. Le principe en est repoussé. Il donnerait la somme insuffisante de 84,90 F. Le Conseil vote sur ses ressources propres, un crédit de 100 F en vue de l'admission de trois élèves gratuits.
Une subvention égale du Conseil Général permettrait l'admission de quatre nouveaux écoliers. Le coût de la vie ayant augmenté avec les impôts du nouveau régime, la rétribution scolaire est portée à 2 F pour la première classe, aux études prolongées, abaissée à 1,50 F pour la seconde classe des débutants. Le Conseil prononce l'éloge de son instituteur.
Au cours des débats, les objections contre la loi n'ont pas manqué. Les ressources budgétaires suffisent à peine aux charges indispensables.
Le puits communal n'a pas été curé depuis 26 ans. Il est urgent d'y pourvoir. Le Conseiller LAMBERT rappelle la nécessité d'agrandir l'église. Elle ne contient plus que les trois quarts de la population. D'autre part, la commune soutient un procès ruineux contre des propriétaires processifs.
L'application de la loi GUIZOT est réalisée dans l'arrondissement de Grasse à la date du 20 février 1834, où le Comité de surveillance et d'encouragement de l'Instruction publique est en place. Il désigne les deux membres du Comité local de St Laurent et fait preuve d'un sage équilibre en adjoignant au maire et au curé de la paroisse le conservateur R. Dominique LAMBERT et le libéral François RAYMOND.
Au 31 décembre 1834 ce Comité local établit le bilan de l'instruction primaire dans la commune. Il estime que 60 garçons et 70 filles ne reçoivent aucune instruction, tant dans l'école publique que dans les écoles privées. L'instituteur Antoine CASTILLON accueille 36 garçons l'hiver et 6 en été ; 28 élèves paient la rétribution scolaire et 6 sont admis gratuitement. Le traitement fixe est de 200 F conformément à la loi, augmenté de la rétribution scolaire. Dans la colonne à entête "Comment l'instituteur s'acquitte-t-il de ses devoirs", le maître porte la mention : "M. le Curé a observé qu'il y a beaucoup à désirer sous le rapport religieux".
En 1837 l'autorité préfectorale relance l'attention des communes sur la nécessité de voter des fonds en faveur de l'établissement des écoles primaires. Le 12 novembre 1837 le maire BERANGER porte l'affaire devant le Conseil Municipal. Comment peut-on améliorer le local de la salle de classe ?
"Le Conseil manifeste le désir ardent de promouvoir l'instruction primaire". Il est au regret de ne pouvoir le faire, vu l'état de ses finances. Un projet de construction d'une salle de classe sur le terrain du vieux four communal coûterait 3 000 F, et le mobilier 150 F. Rien ne peut se faire sans une subvention départementale de 1500 F.
La population ne cesse de croître. On enregistre 33 naissances pour l'année 1839. Un nouveau maire Antoine SIBON, souhaite acheter la grande maison CALVY au sud du village. On aménagerait une salle de classe au rez-de-chaussée dans l'écurie et le fenil, une mairie au premier étage.
En avril 1841, une cabale se forme contre le projet, une pétition circule où figure le nom de quinze chefs de famille illettrés notoires, le projet échoue. Un plan de construction neuve est demandé à l'agent voyer de Vence. Le devis s'élève à 4900 F. Il réunit l'approbation générale du Conseil municipal à la Préfecture de Draguignan. Trois ans de tractations sont nécessaires pour réunir les fonds. Le département subventionne la moitié de la construction. La Commune emprunte au Bureau de Bienfaisance de la Paroisse.
L'adjudication des travaux a lieu en novembre 1847. Ils sont terminés en novembre 1848. La commune aura enfin sa mairie et son école de garçons après dix ans de projets.
Aux embarras financiers, se joignent les soucis de personnes. Le 2 octobre 1839, le Conseil municipal est saisi de la demande de démission d’Antoine CASTILLON. Il la retire provisoirement sur les instances du Conseil...
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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
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