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11/10/2009

SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (11) FIN

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES (5).jpg

TEMOIGNAGE DE MONSIEUR GEORGES FOATA (ALIAS CAPITAINE MORGAN)

C'est avec Monsieur Georges FOATA que se termine cette série d'entretiens. Les divers témoignages, qui constituent cette pla­quette, nous avaient déjà permis d'apprendre, sous différents as­pects, ce que fut la vie à St-Laurent-du- Var pendant l'occupation. Mais en ce qui concerne la clandestinité et les combats du ma­quis, il était indispensable de rencontrer celui qui, de l'avis de tous, fait autorité.

Comme il n'apprécierait guère que nous parlions de figure em­blématique de la Résistance, disons plus simplement qu'il serait difficile de traiter le problème de la lutte contre l'occupant, tant à St-Laurent-du-Var que dans tout le département des Alpes-Mari­times, sans l'avoir consulté.

Nous lui avions donc demandé de nous recevoir et il a tout de suite accepté, n'ignorant pas que notre démarche s'inscrivait dans la préparation des cérémonies destinées à marquer le 50ème an­niversaire de la libération de St-Laurent, cérémonies dont il est d'ailleurs chargé, par son ami le Maire, Vice-Président du Con­seil Général, d'assurer l'organisation, en coordination avec les différents services municipaux intéressés et l'ensemble des Asso­ciations patriotiques.

M. FOATA était donc, doublement, l'homme à rencontrer. Un seul problème: il n'aime pas parler de lui et, encore moins, " raconter ses campagnes", suivant l'expression bien connue. Pour­tant, à un moment donné, il avait envisagé d'écrire l'histoire du Groupe Morgan... et puis le temps a passé...Cette histoire et ses souvenirs personnels ne manqueraient cependant pas d'intérêt, ne serait-ce que pour sa famille, dans la mesure où, plus tard, ses descendants disposeraient d'une référence et d'une source d'in­formations authentiques qui viendraient s'ajouter (bien que dans un tout autre registre) à l'arbre généalogique des COLONNA DELLA FOATA. Il existe, dressé par un de ses ancêtres, et plonge ses racines dans un passé vraiment très lointain.

M. FOATA nous a montré cette pièce rare, à manier avec précau­tion en raison de son ancienneté. Mais de cela non plus, il ne tire aucune vanité. Pour en venir à l'objet de votre visite, dit-il, le plus simple est de prendre connaissance de la documentation que je vais mettre à votre disposition. Vous me la rendrez après en avoir extrait ce qui vous intéresse. Ensuite, si vous avez des pré­cisions à demander, je répondrai à vos questions. Ainsi fut fait, de sorte que le texte qui suit est la synthèse des documents qui nous avaient été confiés et de nos deux entretiens. Nous n'avons cependant pas utilisé le "journal des marches et opérations" du Groupe MORGAN, constitué en unité militaire lors de la phase finale des combats de la libération, car il aurait alors fallu dépas­ser les limites convenues pour cette plaquette. Toutefois, il sera possible de voir cette pièce officielle, puisqu'elle sera exposée (parmi d'autres), carte à l'appui, dans le hall de l'hôtel de ville, le 27 août 94.

Signalons enfin que le témoignage de M. FOATA confirme la version des faits donnée par nos autres interlocuteurs, notamment en ce qui concerne l'ancien Maire, M. RAVET, au sujet de qui il a, en outre, tenu à nous faire, in fine, une déclaration formelle. C'est ainsi qu'il est tout à fait d'accord avec ce que nous a dit son ami de toujours et ancien Adjoint, M. Marcel CAGNOL, à pro­pos de la naissance du Groupe MORGAN, au début, il s'est agi de la réaction personnelle d'une bande de copains, tous à peu près du même âge, traumatisés par la défaite de 40. C'est presque in­sensiblement que l'idée de « résister » prit naissance bien que les tout premiers contacts aient été pris par Georges FOATA, à Mar­seille, dans les milieux de la Marine et de l'Ecole Nationale d'Hy­drographie, presque immédiatement après l'armistice. De même, aucun de ces jeunes gens un peu exaltés n'aurait pu dire, avec une certitude absolue, quand ils entendirent, pour la première fois, parler du Général de Gaulle et de son appel historique. M. FOATA, quant à lui, se rappelle que ce fut quelque part en mer, dans les jours ou les semaines qui suivirent le l8 juin 1940.

En tout cas, bien vite, il fut évident que l'occupant (avant même que la zone libre ne fût envahie, en novembre 1942) restait l'ennemi. D'autre part, les forces armées allemandes, réputées invincibles, avaient subi leurs premiers revers. Dès septembre 40, il y avait eu l'héroïque "Bataille d'Angleterre" et même, auparavant, fin août, le 1er raid de la RAF sur Berlin, alors que le Maréchal GOERING s'était vanté que jamais la chasse allemande (lui-même était un ancien pilote) ne permettrait un tel sacrilège. Un peu plus tard, en mars 1941, ce fut l'épopée de KOUFRA (même si le fameux serment du futur Maréchal Leclerc ne fut connu que bien plus tard) puis BIR-HAKEIM et les échecs de l'AFRIKA KORPS. Certes, ces informations n'arrivaient en France que partiellement et avec beaucoup de retard, car il n'était pas souvent possible de capter la radio de Londres correctement et, de plus, la propagande et la censure de Vichy et des Allemands tournaient à plein régime. Mais l'impact psychologique, peut-être autant que l'événement en soi, entretenait la motivation et un jour, comme s'il y avait eu un déclic, Georges FOATA et ses amis com­prirent que le moment était venu de traduire leurs intentions en actes.

" Nous avions appris, précise t-il, que, parallèlement au mouve­ment parti de Londres et avant que tous les organismes de la ré­sistance ne s'unifient sous l'égide du CNR(Conseil National de la Résistance) de Jean MOULIN, d'autres mouvements, issus d'associations regroupant essentiel­lement d'anciens prisonniers de guerre avaient commencé à s'or­ganiser". Pour le Sud-Est, la 1ère réunion des responsables ré­gionaux d'un de ces mouvements eut lieu le 15 août 42, au cours de laquelle la décision fut prise de participer activement à l'effort demandé par le Général de Gaulle.

Ce mouvement prit le nom de MNRPG (Mouvement National de Résistance des Prisonniers de Guerre) et étendit rapidement son influence de Marseille à la frontière italienne, tout en mettant l'en­semble de ses moyens, à la fin de 1943, à la disposition de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée). Les modalités pratiques découlant de cette décision furent arrêtées en février 1944, lors d'une rencontre secrète réunissant le Chef Régional de l'ORA (le futur général LECUYER, alias SAPIN) et les responsables azu­réens du M.N.R.P.G.: M. MERLI (NIKLIMAROT dans la résis­tance) devenu député-maire d'Antibes et M. FOATA qui avait choisi de s'appeler MORGAN. Pourquoi ce nom ? " Parce que, nous dit Georges FOATA, MORGAN fut un flibustier de légende, élu Amiral par les boucaniers et qui, en récompense de ses exploits, fut nommé gouverneur de la Jamaïque. Pour moi, c'était avant tout un marin qui savait combattre aussi bien à terre que sur mer"

Très rapidement, le Groupe MORGAN (dont la dénomination officielle devint, par la suite, " COMBAT MNRPGD, maquis MORGAN". le D ajouté au MNRPG d'origine signifiant: et des " Déportés ") qui comprenait aussi quelques alsaciens insoumis et ressortissants étrangers se vit con­fier toutes sortes de missions périlleuses dans plusieurs villes des Alpes-Maritimes, dont Nice et St-Laurent-du- Var. Mais les réac­tions de l'ennemi ne se firent pas attendre et à plusieurs reprises, une fois identifiés, Georges FOATA et son adjoint, Marcel CAGNOL, recherchés par toutes les polices de Vichy et alleman­des en tant que "terroristes dangereux et armés", échappèrent de justesse à leurs pièges. A ce propos, M. FOATA se souvient de ce qu'il doit à ceux qui (au péril de leur vie, car la répression était féroce) les aidèrent, M. MERLI, Marcel CAGNOL et lui-même, à ne pas tomber dans ces pièges et, une fois au maquis, ravitaillè­rent le Groupe MORGAN tout en contribuant à assurer la sécu­rité de ses déplacements.

D'abord, son propre père qui réussit à les intercepter en gare de Cannes, M. MERLI et lui-même, alors que, revenant de Paris où ils avaient eu des contacts au plus haut niveau, ils étaient atten­dus par la police en gare de Nice, ce dont M. FOATA père avait pu être prévenu. Ensuite, M. COLONNA, facteur-receveur corse de Gattières, dont nous a aussi parlé M. CAGNOL et qui se char­gea, plusieurs fois, de dissimuler et de transporter des armes, ou encore M. Pierre JABOULET, devenu Maire de Carros, qui main­tint une liaison permanente avec le maquis et le ravitailla lors­qu'il fut dans le Cheiron, tout comme le fit Louis PEREZ, le frère de M. Marcel PEREZ.

Pourtant, sur dénonciation d'un traître, Georges FOATA et plu­sieurs de ses amis devaient tomber dans une embuscade, à Gattières, le 6 juin 44 (dans les circonstances rapportées par Mme DEGL 'INNOCENTI ).

Plus tard, en août 1944, alors que les combats faisaient rage et que plusieurs mouvements opéraient aux côtés du Groupe MOR­GAN, la nécessité de l'unité du commandement s'imposa et le Chef désigné pour cette tâche délicate fut Georges FOATA. Là encore, lors de l'exposition du 27 août 94, on pourra consulter le calendrier des actions qu'il conduisit dans tout le département. Il n'est donc pas étonnant qu'après la guerre le Groupe MORGAN fût reconnu "unité combattante" par décision officielle du Minis­tre des armées.

A l'issue de notre 2ème entretien, M. FOATA a tenu à faire la déclaration suivante que nous citons in extenso :

" Je veux rendre un éclatant hommage à M. RAVET, Maire de St-­Laurent-du-Var à l'époque, ainsi qu'à son équipe, qui nous a per­mis, de nombreuses fois, d'utiliser la ville comme PC départe­mental pour des réunions au sommet.

En plus de différentes actions ponctuelles, il avait créé à la mai­rie, avec l'aide de la Secrétaire, par la suite jusqu'en 1980 Se­crétaire-Générale et, aussi, d'un jeune stagiaire devenu Maire, une officine de fausses cartes d'identité au ser­vice de la Résistance.

Louis RAVET était profondément français et était mon ami. Bé­néficiant également de l'aide de SANTONI, garde-champêtre, du chef de la gendarmerie, René MAURE et de l'abbé DECAROLI, il avait fait de St-Laurent-du-Var un lieu sûr, offrant toutes les garanties de sécurité voulues.

Beaucoup de noms ont déjà été cités dans les autres témoignages. Je tiens à mentionner deux laurentins aujourd'hui disparus :

- Ernest FRATTINI

- Vando DEGL'INNOCENTI

qui comptèrent tous deux parmi mes fidèles lieutenants. Et je ter­minerai par le premier mort de cette période du 6 juin au 31 août

- Joseph BUTTELI mort au combat, à Gattières, le 6 juin 1944 et par le dernier :

- Marius PISANO mort au combat le 31 août 1944 à Turini. Une rue de St-Laurent-du- Var, porte aujourd'hui son nom.

CONCLUSION

La lecture de tous ces témoignages est réconfortante. Elle prouve que dans la terrible période de malheur que la France a subie, les laurentins, comme la plupart des Français, ont, dans leur très grande majorité, réagi avec cœur, patriotisme et solidarité.

Certains, dans la clandestinité, ont repris les armes contre l'occupant, d'autres ont résisté en prenant des risques dans leur vie quotidienne, d'autres encore se sont dévoués au ser­vice des plus démunis, d'autres, enfin, se sont concentrés sur la survie de leurs proches. Très peu ont collaboré avec l'ennemi.

Quelle belle leçon pour la jeunesse, apparemment accapa­rée par la recherche des plaisirs, marquée par l'individua­lisme ambiant et, peut-être, trop tentée par les facilités de la vie moderne!

Puisse ce rappel des années noires de l'occupation nous aider à puiser dans l'héritage spirituel que nous ont légué ceux qui se battirent et, pour certains, moururent pour que vive la France, la volonté d'offrir à nos enfants et petits-enfants un XXIème siècle à la mesure des vœux de bonheur dans la paix et la prospérité, mais aussi dans le courage et l'hon­neur, que le Souvenir Français de St-Laurent-du-Var forme pour eux en ce 27 août 1994, car :" Quiconque ne se souvient pas de son passé est condamné à le revivre " (inscription dans le camp de Dachau)

 

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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

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21/09/2009

ANTOINE CASTILLON: CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 9ème partie

LE PONT DU VAR C. ROASSAL.jpg

Désormais, durant onze ans, il poursuit une carrière mentonnaise stable à la tête d'une école à six divisions où sont rassemblés 300 élèves. Il reçoit les palmes académiques en novembre 1867.

Il y applique les réformes de Victor DURUY en faveur d’une meilleure adaptation de l'école primaire aux conditions économiques nouvelles. Les propriétaires de biens fonciers souhaitent alors que l’instituteur soit un moniteur de l'agronomie.

Il vit à Menton les épisodes de la courte guerre de 1870, la stupeur de la défaite, l'opposition générale à la Commune de Paris, le ralliement de l'opinion à Thiers, sa méfiance envers Gambetta. Seule une République conserva­trice est capable de ranimer la tradition de l'hivernage cosmopolite sur l'axe ferroviaire du P.L.M. L'arrêt de la vie de saison aura duré un seul hiver.

Dès 1872, est réalisée la jonction du réseau français avec le réseau italien à Vintimille. Venus par Gênes, Scandinaves et Allemands reprennent la tradition de l'hivernage mentonnais., Désormais, les hommes nés à l'âge du mulet et de la diligence sont les usagers du chemin de fer, de ses horaires stricts.

Postérieurement à la guerre, l'opinion générale découvre la valeur d'un enseignement public généralisé, on n'en demeure pas moins fidèle aux dispo­sitions de la loi Falloux de 1850. Elle accorde aux municipalités de choisir entre un personnel communal congréganiste ou bien un personnel laïc. Les villes du département des A-M résolvent le dilemme en entretenant deux écoles communa­les, l'une congréganiste, l'autre laïque. Il n'empêche que les dix dernières années de la carrière d'Antoine Castillon sont compliquées par la lutte des municipalités urbaines sur le sujet devenu passionnel.

Spiritualistes et scientistes se livrent une guerre opiniâtre à chaque élection municipale. Le Préfet des Alpes-Maritimes et l'Inspecteur d'Académie agissent avec prudence devant les effervescences locales. L'Inspection académi­que adopte une classification devenue nécessaire en postes communaux déshérités, avantageux et difficiles.

En 1873, l'augmentation du traitement des instituteurs invite les muni­cipalités à se montrer économes. La municipalité mentonaise décide de subordon­ner la direction de l'école primaire communale à l'autorité du Principal du

Collège  municipal car la loi l'y autorise. Des froissements entre les deux hommes conduisent Castillon à solliciter un changement de poste. Son cas est embarrassant, aucun emploi équivalant n'est disponible dans le département.

La difficulté est résolue par un compromis. Un congé de disponibilité lui est accordé. De 1873 à 1876, Castillon revient aux solutions de ses début sous Louis-Philippe où l'on passait aisément de l'enseignement communal à l'ensei­gnement privé. Il ouvre une école libre à Menton. Désireuse d'éviter à ses enfants la promiscuité et le surpeuplement de l'école communale, demeurée l'école des pauvres admis à la gratuité, la petite et moyenne bourgeoisie sont disposés à des sacrifices d'argent et envoient leurs enfants dans les écoles libres de bonne réputation.

Toutefois, un instituteur de la qualité de Castillon n'est pas oublié par son administration. Le Directeur de l'école municipale de la place St Fran­çois, à Nice, est promu inspecteur de l'enseignement primaire à Castellane. Le poste est suffisamment en vue pour être l'objet d'une attention particulière.

 

L'Inspecteur d'Académie en exercice invite Castillon à réintégrer l'enseignement public à Nice. Il a derrière lui 30 ans d'exercice. Titulaire du degré supérieur du brevet d'aptitude à l'enseignement primaire, il dispose à 57 ans de la vigueur et de l'entrain nécessaires à la direction d'une école communale importante de la ville.

Le maire, Auguste Raynaud, est d'un avis différent. Il pratique une sourcilleuse politique de particularisme local. Elle lui fait préférer.un autre candidat, Audoli, un jeune homme du pays, titulaire lui aussi du brevet de degré supérieur. Maître adjoint à l'école St-François, il a donné toute satis­faction à la mairie au cours de l'intérim de la direction dont il fut chargé.

Le Préfet sanctionne la proposition de l'Inspecteur d'Académie. Antoine Castillon sera directeur de l'école municipale. Il bénéficie, comme par le passé de la confiance académique. La Médaille d'Argent lui est attribuée. Il sera offi­cier de l'instruction publique en 1881. Il a obtenu tous les honneurs décernés à un instituteur émérite depuis la cérémonie solennelle d'institution de mai 1840 à St Laurent du Var.

 

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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

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11/09/2009

SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (10)

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES (8).jpg
TÉMOIGNAGE DE MONSIEUR ET MADAME MARIUS DANIEL

Monsieur Marius DANIEL est né dans le vieux village et Ma­dame DANIEL, née Louisette GHETTI, arriva à St-Laurent à l'âge de 4 ans; puis ses parents s'installèrent à la Baronne. Ils se marièrent en 1943 à Ste-Petronille et viennent donc de fêter leurs noces d'or.

Après son mariage, Monsieur DANIEL continua d'exercer à mi-temps son métier de coiffeur tout en consacrant le reste à aider ses beaux-parents à cultiver trois hectares, partie en produits ma­raîchers, partie en pré et arbres fruitiers. Ce pré permettait d'en­tretenir 1 ou 2 vaches dont le lait, denrée devenue précieuse du fait des restrictions, assurait pour une part le ravitaillement fami­lial en beurre et fromage et, pour le surplus, servait de monnaie d'échange contre d'autres produits rares ou était vendu au mar­ché de Nice, le long du Paillon. Donc, les produits de la campa­gne atténuaient la rigueur des restrictions mais, naturellement, l'occupation n'entraînait pas que des problèmes de subsistance et de réglementation (car il valait mieux ne pas avoir affaire aux agents du contrôle économique). Par exemple, pour se protéger des bombardements aériens, un abri avait été creusé en forme de tunnel à environ 200 m de la maison des GHETTI, sous un petit monticule, dans la propriété d'un voisin, M. PANCINI :

" Quand L'alerte sonnait, on courait s'y réfugier et on se retrou­vait à plusieurs familles, environ une douzaine de personnes dont 1 bébé, un petit garçon et notre nièce âgée de 5 ans. Quelquefois, quand on croyait qu'on n'aurait pas le temps d'aller jusqu'au «tunnel», on se réfugiait chez M. FABIO, un autre voisin dont la propriété était en face de notre maison, de l'autre côté de la route. Ce Monsieur avait construit un abri sous une large dalle circu­laire dissimulée par une tonnelle de glycine. Mais le plus sou­vent, on allait jusqu'au «tunnel» et nous y avons passé plus d'une nuit. L'intérieur en avait été plus ou moins aménagé, il y avait de la paille et des bougies ou une lampe à pétrole, qui servait quand on avait du pétrole, mais le confort laissait vraiment à désirer ".

D'autres souvenirs affluent, qui ne sont pas aussi folkloriques.

Tantôt l'une tantôt l'autre, les DANIEL se rappellent : «dans les derniers temps de l'occupation, des unités allemandes qui se re­pliaient vers l'Est passèrent une journée entière à la campagne . A la nuit tombante, ils partirent, mais le lendemain, d'autres arrivèrent également pour la journée.

"Les premiers avaient coupé les branchages des arbres pour ca­moufler leur matériel et pendant tout ce temps - c'est Madame DANIEL qui parle - "réfugiée dans le "tunnel" avec les autres, je me demandais si les allemands n'allaient pas tous nous tuer avant de partir définitivement". "Un autre jour, reprend son mari, peu de temps avant la libération, des jeunes FFI sont venus, très tôt le matin, nous prévenir que les allemands emmenaient avec eux tous les hommes qu'ils trouvaient sur leur passage et qu'il fallait se cacher" ; ce que firent Monsieur DANIEL et ses voisins. Ils échappèrent donc à la rafle.

"La dernière nuit, les allemands ont incendié le pont des Pugets. Il était en bois et ils avaient dû l'asperger d'essence car tout a flambé d'un seul coup. Vu de la chapelle, on aurait dit un feu d'artifice !".

Dernière évocation : le jour même de la libération de St-Laurent­-du-Var, donc le 27 août 1944, alors que les autres étaient encore dans le "tunnel", Monsieur DANIEL était allé cueillir des figues dans un arbre qui avait été épargné et qui surplombait la 209, au pied des quelques marches conduisant à la maison. A ce mo­ment, arrive un groupe de jeunes laurentins appartenant aux FFI locales. Monsieur DANIEL se rappelle : "certains étaient à pied, d'autres avaient un vélo ou avaient pris place à bord d'une vieille camionnette. Quelques-uns étaient armés d'un revolver ou d'un fusil. Ils ne se sont pas arrêtés, mais me voyant dans le figuier, ils m'ont crié que St-Laurent était libérée et que les Canadiens les suivaient. C'était vrai et les premiers sont arrivés quelque temps après". Pourtant, Madame DANIEL ne fut pleinement rassurée

Evidemment, Madame DANIEL ne pouvait pas le savoir mais c'est exactement ce que les Allemands tentèrent, avec quelque succès, quelques mois plus tard et sur une bien plus grande échelle, dans les Ardennes belges.

qu'après avoir constaté qu'il s'agissait bien de soldats alliés et non d'une arrière-garde allemande "déguisée" pour tromper la population.

Poursuivant leur route, les FFI se heurtèrent, environ 1 km au delà de la propriété, à un groupe de 12 hommes composé d'un sous-officier allemand et de 11 soldats d'origine polonaise. Le gradé n'était pas disposé à se rendre mais quand il donna l'ordre de tirer sur les français et alors qu'il s'apprêtait à le faire lui-même, ses hommes l'abattirent avant de se rendre aux FFI. Ces derniers, les conduisirent dans la cour des GHETTI où leurs ar­mes furent déposées, en attendant que les premiers éléments al­liés arrivent et prennent le contrôle de la situation. Il fallut en­suite enterrer l'allemand et comme personne ne voulut que ce fût dans sa propriété, on finit par lui donner une sépulture au bord du Var, en contrebas de la 209, dans une tranchée bordée de ro­seaux que les allemands avaient creusée quelque temps aupara­vant sans jamais l'utiliser. Ce qui rend ce souvenir encore plus poignant, c'est que bien des années plus tard, des civils allemands qui étaient venus, avec l'accord des Autorités Françaises, pour exhumer le corps, repartirent sans en avoir trouvé la moindre trace. Personne n'a jamais su ce que sont devenus les restes du malheu­reux. Cinquante ans après cet événement, Monsieur et Madame DANIEL le regrettent sincèrement. Mais c'était la guerre et rien, ce jour-là, n'aurait pu les empêcher de participer à la liesse géné­rale.

 

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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

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17:32 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire